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9 septembre 2019  Archives des actualités

Echo de la petite foire

Devenir de l’agriculture paysanne : qui reprendra terres et savoirs ?

En parallèle de la Foire agricole de Libramont, se tient, depuis 9 ans, la petite foire alternative de Semel. Face à l’agro-industrie, les défenseurs de l’agroécologie se rencontrent annuellement autour des enjeux de l’agriculture raisonnée et familiale.

Cette année, la petite foire a été l’occasion de faire le point sur la transmission des terres et des fermes. En effet, la majorité des exploitant·e·s agricoles wallon·ne·s ont plus de 50 ans et seulement un quart a identifié un successeur. Le nombre de fermes ne cesse de diminuer, il y en a 68 % de moins qu’en 1980. En cause, l’urbanisation mais aussi l’agrandissement des exploitations.

Ces 40 dernières années, la superficie moyenne des fermes a triplé. Face aux difficultés économiques du secteur, les agriculteur·trice·s sont tenté·e·s de s’agrandir toujours plus. Les nouveaux domaines sont énormes et ne semblent gérables qu’avec les techniques agricoles modernes, telles qu’on les vend à la foire de Libramont : des machines toujours plus grosses et des pesticides à foison. Les paysan·ne·s sans repreneur·euses sont tenté·e·s de revendre leurs terres aux grands exploitant·e·s qui leur offriront un bon prix et une retraite confortable.

La production biologique est pourtant en forte croissance (plus de 9 % par an entre 2010 et 2017 en Wallonie). Mais elle se fait le plus souvent de façon industrielle à la faveur des supermarchés. L’agriculture familiale est menacée. Et parmi les défis qu’elle doit relever, la transmission des terres et des savoirs tient une bonne place.

Assis·e·s sur des ballots de paille, paysan·ne·s, acteur·trice·s associatif·ve·s et consommateur·trice·s responsables échangent des témoignages, des pratiques et des idées. À la solitude des maraîcher·e·s et éleveur·euses, le regroupement en coopérative devient une évidence. Les tâches sont ainsi partagées et les différents métiers offrent une diversité des revenus et une sécurité d’emploi. Il est intéressant de noter ici le parallèle avec les actions dans les pays du Sud par les partenaires d’Entraide et Fraternité. La petite foire, c’est aussi un espace de rencontre entre jeunes non issus du monde agricole mais désireux d’y entrer et des paysan·ne·s se proposant de les accompagner et former. Des mangeur·euse·s sensibilisées par les déclarations des producteur·trice·s se disent également prêt·e·s à s’investir ponctuellement pour défendre une alimentation durable.

Entre autres témoignages poignants, celui d’un viticulteur dont les vignes plantées au XVIIe siècle auront été emportées par les récentes chaleurs estivales. Le dérèglement climatique signe ici une nouvelle victime et s’annonce de plus en plus concrètement comme l’un des principaux défis de l’agriculture de ce troisième millénaire.

À côté des conférences et du marché des producteur·trice·s se tient un village associatif avec une trentaine d’associations. Parmi elles, Entraide et Fraternité contribue à la construction d’une vision différente du développement agricole au Nord et au Sud par le biais, notamment, de ses nombreuses analyses et études sur la question dont la récente « Cultive-toi un avenir ! »Jeunesse et transitions agricoles en Belgique, reconstruire un tissu paysan ? [1]



[1Gillard G. et Berger A., Cultive-toi un avenir ! Jeunesse et transitions agricoles en Belgique, reconstruire un tissu paysan ?, Entraide et Fraternité,2019, 36 p. sur amisdelaterre.org/2861



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