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Communiqué

Crise politique au Brésil

Ce qui se passe actuellement au Brésil nous inquiète vivement.

Ce qui se passe actuellement au Brésil nous inquiète vivement : alors que les médias du monde entier nous parlent d’un « soulèvement populaire contre la corruption », il semble plutôt que se trame un véritable coup d’Etat pour ramener au pouvoir les forces conservatrices et néo-libérales du pays.

En effet, derrière la campagne pour destituer Dilma Roussef, on distingue une nouvelle stratégie des élites économique et sociales du pays pour reprendre totalement le pouvoir qu’elles avaient partiellement concédé au PT (Partido dos Trabalhadorens – parti des travailleurs).

A l’autre bout de l’échelle sociale, les « sans-terre », les petits paysans, les peuples indigènes, les populations pauvres des villes et des campagnes risquent de payer le prix fort de cette escalade, de voir les avancées sociales annihilées et leurs souffrances encore s’accroître.

C’est dans un contexte marqué par un brusque ralentissement économique que la nouvelle droite militante du Brésil est montée en puissance. Profitant du discrédit généralisé qui s’est abattu sur la classe politique depuis la mise au jour d’une affaire de corruption (Lava Jato) impliquant l’entreprise publique Petrobras et de nombreux partis, ces forces conservatrices défilent depuis des mois dans les rues de nombreuses villes, aux cris de « Dilma dehors » !, « Destitution maintenant ! », « Lula en prison ».

Le plan ? reprendre le pouvoir des mains du PT et enterrer les maigres acquis sociaux du « lulisme », de conserve avec les médias, une partie du magistère public et les forces politiques les plus rétrogrades du pays, quitte à fragiliser la jeune démocratie brésilienne.

Mgr Eugène Rixen, évêque et partenaire d’Entraide et Fraternité à Goiás, réagit à ces graves événements et à nos interrogations sur la situation dans son pays :

PNG « De fait la situation au Brésil est inquiétante. D’abord il faut dire que la Droite n´a jamais accepté d´avoir perdu les élections et vit très mal que la Gauche, qui défend les intérêts des plus pauvres, soit au pouvoir depuis plus de 13 ans. La faible différence de voix lors des dernières élections présidentielles entre Dilma Roussef et Aécio Neves n´a fait qu´attiser ces frustrations.
Par rapport au scandale qui est à l’origine du problème, il faut savoir que la PETROBRAS (entreprise pétrolière appartenant à l´état), a été dénoncée pour avoir alimenté les caisses parallèles et non déclarées de plusieurs partis politiques.
Un juge de Curitiba a dénoncé ces faits et a mis plusieurs politiciens en prison. Pour échapper à des condamnations trop lourdes ces derniers ont acceptés de révéler au juge le schéma de corruption, lequel mouille le PT.
Lula, qui jouit encore d’un grand prestige auprès des travailleurs, a été dénoncé mais pas Dilma. Ce qu’on repproche à la présidente, c´est qu´elle a emprunté de l’argent aux banques publiques sans la permission du Congrès National. Cela représente une faute, mais cela ne justifie pas la chute de son gouvernement. De plus, l´argent aurait servi à financer des projets sociaux comme l´aide aux familles pauvres.
Il faut dire que malheureusement la corruption a toujours fait partie de la politique brésilienne. Elle a été et est présente à tous les niveaux. Le PT est également rentré dans ce jeu afin de se maintenir au pouvoir. En effet, tout le système électoral repose sur les dons aux candidats, ce qui favorise la corruption, suivant la maxime faussement interprétée : « c´est en donnant qu´on reçoit ! ». En d´autres termes, tu me donnes de l´argent pour ma campagne électorale et une fois au pouvoir, tu favorises le choix de mon entreprise pour réaliser les grands travaux gouvernementaux.
La presse, qui est presque entièrement de droite, ne critique bien sûr que le PT, alors que plus de la moitié des députés sont accusés d´avoir reçu des pots de vin.

Dimanche dernier, la Chambre des députés a voté à une forte majorité « l’impeachment » de la présidente. Maintenant on attend la décision du Sénat. Dans le cas d´un vote défavorable pour la présidente, elle devra s´éloigner du pouvoir durant 6 mois, pour ensuite être jugée par le Tribunal Fédéral Suprême.
Autre détail piquant : le vice-président du pays, Michel Temer et le président de la Chambre Législative, Cunha, sont également accusés de corruption !
En résumé, je dirai que le Brésil passe par une grave crise politique. Seule une profonde réforme politique pourra changer le destin de la nation ! Ce mois d´avril est crucial ! Je pense que s´il y a un « impeachment » de la présidente, les forces populaires vont se révolter ! »





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