logo Entraide et Fraternité
5 décembre 2011  Archives des actualités

Conflits miniers : paysans en colère

Frédéric Thomas, notre chargé de projets Pérou, s’est rendu dans le département de Cajamarca en novembre 2011. Une région où l’exploitation minière en pleine expansion cause de nombreux conflits. Il témoigne de la tension sur place et des solutions mises en place par les communautés locales pour gérer leurs ressources naturelles.

La route de Bambamarca est bloquée depuis plusieurs jours par des paysans en colère. Il nous faut montrer nos papiers, expliquer ce que nous venons faire et promettre de ne pas entrer dans la mine de Yanacocha, un peu plus loin. La mine leur avait promis des emplois en échange de leurs terres. Mais les emplois sont rares, précaires, peu qualifiés et, de toutes façons, de courte durée. Tandis que la pollution, l’acculturation et les problèmes s’accroissent durablement. À la radio, nous suivons un autre conflit ; celui du projet d’exploitation minière Conga, qui menace d’accaparer et de polluer les sources d’eau qui font vivre toute une région, et contre lequel dès lors se sont soulevées la population et les autorités locales.

Situation explosive dans toute la province

Mais en réalité, dans cette province de Cajamarca, au nord du Pérou, la situation est explosive partout.
Les autorités et organisations locales essayent de se coordonner afin de ne plus réagir isolément et au cas par cas, après chaque annonce d’un nouveau projet minier. Ensemble, ils forment la Commission Environnementale Municipale (CAM) de Hualgayoc. Avec l’appui du partenaire local SER, financé Entraide et Fraternité et l’opération 11 11 11, la CAM a élaboré un Agenda Environnemental 2011-2014, fixant des objectifs et des priorités.

- protéger les sources d’eau
- contrôler de manière effective et participative l’impact environnemental des activités minières
- assurer la reforestation et la conservation d’espaces naturels
- promouvoir le tourisme vert et la production agricole biologique

Certes, cela semble peu au regard de l’urgence et de la gravité de la situation. Mais cet agenda constitue un outil de planification, de concertation et de renforcement. Par son existence même, il contredit doublement le discours des entreprises minières, prétendant qu’il n’existe pas d’alternative à l’exploitation minière et que les populations sont sans idées, sans activités, sans projets. Il donne à voir d’autres possibilités, d’autres avenirs. La prétention des grands groupes miniers d’intervenir en terrain vierge est ainsi démontée.

Un Agenda pour négocier

Enfin, cet Agenda constitue un instrument de négociation pour obliger les entreprises minières à respecter les décisions et les choix des organisations locales sur la manière dont ils entendent gérer leurs terres et ressources naturelles.
De retour quelques jours plus tard de Bambamarca, la route est ouverte ; la police est intervenue et a chassé les paysans qui la bloquaient. Il neige. Dans le « combi », une vieille Indienne dit que ce n’est plus arrivé depuis très longtemps et espère que ce n’est pas un « mauvais signe ». Mais je pense à un autre signe, positif lui : la promulgation de la Loi de Consultation. D’une toute autre ampleur elle concerne les peuples indigènes. Cette loi participe, comme le projet du SER, à l’appui d’une gestion environnementale, et à la nécessité de mettre en œuvre des mécanismes et des institutions afin que les populations puissent exercer un contrôle sur les projets qui les affectent.
Frédéric Thomas 09/11/2011





Tags : Pérou Minier

Retrouvez-nous sur : facebook twitter instagram youtube flickr