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29 juin 2015  Archives des actualités

Bhubaneswar - Inde

Un rallye pour les droits des femmes dalits et adivasis

Organisé par le mouvement national des femmes dalits (AIDMAM), anciennement partenaire d’Entraide et Fraternité, et l’Odisha Forum for Social Action (OROSA), partenaire actuel.

Début juin 2015, une caravane a parcouru plus de 3000 km à travers 11 districts d’Odisha (Inde), tenu des réunions dans plus de 45 villages et plusieurs rassemblements publics dans les villes, et soumis un mémorandum aux responsables de l’administration de tous les districts. L’équipe du Rallye comprenait des dirigeants dalits de l’Haryana, du Bihar, du Madhya Pradesh, de Delhi, des bénévoles, des dirigeants et militants d’Odisha et plusieurs femmes dalits et adivasis responsables de groupes locaux. Ils ont voyagé de village en village, de ville en ville, de district en district, pour rassembler les témoignages de victimes de crimes brutaux et odieux contre les dalits et adivasis et les femmes dalits en particulier.
« Nous avons versé des larmes et partagé la douleur avec les victimes qui ont survécu et avec les membres de leur famille. Nous avons partagé la peine d’avoir perdu des jeunes filles, des mères et des épouses, arrachées à leurs familles par le système ignoble des castes », raconte une participante.
L’équipe a également exprimé sa colère et son angoisse face à l’échec total de la police et de l’administration d’Odisha censées assurer la justice pour les victimes de violence de caste. Elle a observé des attitudes d’officiers de police, de médecins et de fonctionnaires allant de la négligence délibérée à la complicité dans la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles, ainsi que beaucoup d’indifférence. Il fut choquant de constater la non-coopération de la police et d’autres agents refusant d’écouter les appels des victimes qui ont survécu.
Asha Kowtal, secrétaire générale du mouvement national des femmes dalits AIDMAM a exprimé ainsi son dégoût : « Les dix jours passés à Odisha nous ont révélé le spectre complet de la violence de caste, en particulier envers les femmes. J’ai été extrêmement choquée après avoir rencontré des survivantes et des victimes de toutes sortes de violence, y compris d’enlèvements, de viols, d’assassinats, d’agression sexuelle, de mises à nu de femmes dalits et de défilés de ces femmes les forçant à exposer leur nudité, de coups, de violence verbale, d’intouchabilité et de discriminations. »

Photo : Countercurrents.org
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Gayatri, victime d’un viol à l’âge de 27 ans, expliqua : « J’ai frappé à toutes les portes demandant l’arrestation du coupable, mais personne dans l’administration n’a voulu entendre mes cris de justice. L’auteur circule librement alors que moi, je dois me battre pour ma vie et ma dignité. »
La violence contre les femmes dalits est souvent utilisée comme un outil dans les mains des membres des castes dominantes pour provoquer la peur, maintenir le statu quo, contrôler l’accès aux ressources et renforcer l’hégémonie des castes. C’est sur les corps des femmes dalits que sont menées les guerres de caste.
L’inaction de la police et de la négligence délibérée dans les enquêtes révèlent des manquements graves dans la mise en œuvre de la loi de prévention de violences contre les castes répertoriées et les tribaux. Le manque de soutien juridique, de compensations et d’appui psycho-social a plongé la communauté dans un traumatisme profond et un état de désespoir.
La violence contre les dalits et adivasis est profondément ancrée en Odisha. Dans de nombreux villages, l’intouchabilité est pratiquée de différentes façons : discriminations dans les écoles et les jardins d’enfants, dans les magasins et les restaurants, dans l’accès à l’eau et aux lieux publics, dans la location de maisons et l’entrée des lieux de culte.
Ajaya Kumar Singh, coordinateur du Forum d’Odisha pour l’action sociale, déclara : « Au cours des dix derniers jours, la caravane de femmes dalits et adivasis a parcouru des villages et des villes et a rencontré des victimes survivantes, des responsables de groupes locaux et des fonctionnaires. Une peur profonde et une insécurité règnent non seulement parmi les victimes, mais aussi parmi les communautés entières d’adivasis et de dalits, d’autant plus que les auteurs de violences sexuelles de caste se moquent du système de justice pénale. Les cadres et la police, s’ils ne sont pas complices, du moins ils restent indifférents et insensibles aux atrocités, ce qui augmente les souffrances et conduit à de nouvelles violences. Le problème de la violence sexuelle de caste ne peut se résoudre que si la société civile et les groupes de défense des droits humains collaborent pour mettre les fonctionnaires devant leurs responsabilités et pour informer les victimes de leurs droits. Sans aucun doute, le Rallye a apporté une énergie nouvelle pour mener cette lutte pour l’équité et la dignité. »

Les organisateurs ont résumé leurs demandes en 12 points, insistant tout particulièrement sur l’importance du renforcement des mécanismes institutionnels du gouvernement et de l’administration de l’Etat d’Odisha et la création de tribunaux spéciaux pour assurer la protection et la sécurité des femmes dalits et tribales.

Source : Countercurrents.org, article du 12 juin 2015/Dalits.be, article du 15 juin 2015





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